RELECTURES CRITIQUES DES TRAVAUX DE LA CAMERATA FIORENTINA ET APPLICATIONS À L’INTERPRETATION DE LA MUSIQUE ITALIENNE DES XVIE ET XVIIE SIECLES
« Prima la parole, doppo la musica ». L’idéal platonicien d’une musique au service du texte et d’une prosodie constitue l’un des piliers de la pensée des membres de la Camerata Fiorentina, cercle de poètes et de musiciens actif à Florence à la fin du XVIe siècle.
Regroupés autour de Giovanni Bardi (qui donne son autre nom à la Camerata), on trouve parmi ses acteurs Jacopo Peri, Emilio de Cavalieri, Pietro Strozzi, Vincenzo Galilei, père de Galileo Galilei, ou encore Giulio Caccini, qui tint une place prépondérante et permit une diffusion large des théories de la Camerata bien après sa disparition.
Ses écrits posent les bases d’une nouvelle manière d’interpréter la musique de son temps, avec plus que jamais un soin apporté au texte. Sont alors posés les jalons du développement de la monodie accompagnée et de l’opéra, dans le but de « représenter en musique l’âme humaine ».
Au cours de ses rencontres et de ses recherches, l’ensemble Rinascere s’est à plusieurs reprises confronté à ces questions. Le travail régulier avec les chanteur·se·s a mis à jour que la pratique et les techniques actuelles du chant ne semblent pas entièrement compatibles pour interpréter ces répertoires selon les préceptes de Caccini et des membres de la Camerata.
La lecture des sources montre que pour être apte à orner, diminuer, les chanteur·se·s de cette époque devaient acquérir la dispositione di voce, ou la buena dispositione, technique de chant beaucoup moins exploitée par nos contemporains, car éloignée des besoins des chanteur·se·s d’aujourd’hui.
Par ailleurs, les dernières recherches sur le sujet tendent à prouver que pour les musiciens de la fin du XVIe siècle, l’imitation de la voix humaine, dans ce qu’elle a de riche, varié et rhétorique, est une approche indispensable pour qui veut réellement transmettre les affects et les passions d’une œuvre.
Par sa démarche de recherche, l’ensemble Rinascere souhaite d’une part tenter de s’approcher au plus prés d’une pratique historique du chant tel que Caccini l’entendait et d’autre part, selon le principe de l’imitatio, appliquer ce travail aux cuivres anciens, afin de faire entendre pleinement leur aptitude à imiter la voix humaine.
PROGRAMME
Le programme s’articule autour d’œuvres sélectionnées au sein des traités de Giulio Caccini (Le Nuove Musiche et Nuova Maniera di Scriverle) dans une forme à la fois didactique et dramatique. Parfois chantés, parfois joués à l’instrument, les airs alterneront tandis que les ritournelles feront l’objet d’un travail d’orchestration par l’ensemble des instrumentistes.
Tantôt un même air sera chanté, tantôt joué au cornet ou à la sacqueboute, et les ritournelles orchestrées par l’ensemble des instrumentistes.
L’œuvre et la pensée de Caccini servira de fil conducteur pour interroger la pratique instrumentale florentine du XVIe siècle, à travers notamment les Musiche fatte nelle nozze dello illustrissimo duca die Firenze il signor Cosimo de Medici et Della illustrissima consorts sua mad. Leonora da tolletode, musique originale pour cuivres composé pour le mariage de Cosme Ier de Médicis et Eléonore de Tolède en 1539.
Caccini et les musiciens de la Camerata fiorentina serviront enfin de prisme mettant en perspective la musique italienne du XVIIe siècle comme les madrigaux, canzoni et intermèdes de Claudio Monteverdi, à travers une diffusion large de leurs théories sur les affects et la rhétorique.
EFFECTIF
4 chanteurs (SATB)
2 cornets
3 sacqueboutes
Percussions
Continuo (clavecin, orgue, viole, théorbe, guitare)